J’ai parcouru les routes entre Ruacana et Epembe, Epembe et Epupa, Epupa et Opuwo et Opuwo et Seisfontein... Toutes ces routes sont dans le Kunene namibien dont la partie Nord est le Kaokoland. Les Himbas s’étendent sur tout ce territoire – voire au-delà (en Angola).
On voit nettement le passage entre le Kaokoland et la Damaraland, qui s’effectue aux alentours de Seisfontein. La végétation et le relief changent radicalement.
Toute cette région est très sèche. Les pistes sont bonnes. Mais, quand il pleut, les oueds représentent des obstacles qui m’ont fait plus d’une fois hésité à poursuivre ma route.
Tout le long de mon chemin, j’ai distribué des bonbons et 100 sucettes (données à l’unité). Je me suis arrêté au niveau de tous ceux qui m’appelaient de la main. La voiture n’a pas désemplie. Ce que j’en retiens est :
- - L’anglais permet aux enfants de demander de l’argent ou des sucreries mais il est loin d’être « l’esperanto » qui fait tomber les barrières linguistiques. Les gens parlent leur dialecte puis l’anglais, le portugais ou l’afrikaans.
- - Les Himbas sont maintenant bien habitués au tourisme ethnique. Ils vivent en partie de cela. Un enfant de 6-7 ans m’a même dit « Spain ? ». J’ai trouvé incroyable qu’un gamin, qui ne doit pas connaître la géographie de l’Europe, soit capable de dire que je ressemble à un espagnol. J’étais alors un peu bronzé et pas rasé (je ne veux pas dire non plus que les ibériques sont tous des basanés barbus).
- - Il n’est pas rare de trouver des Himbas habillés de façon moderne parmi d’autres en habits traditionnels. Eux-mêmes m’ont dit qu’ils se changeaient selon le milieu où ils se trouvaient (au kimbo ou à la ville pour étudier, par exemple). Leur préférence irait vers la peau de chèvre. Du moins c’est ce que m’a dit Esther qui habite à 50 Km au Sud d’Epuwo et qui a oublié une paire de chaussures et des petites jupes à l’arrière de la voiture. De même, les Himbas portent en général 2 prénoms, un occidental et un traditionnel.
- - Le christianisme semble une préoccupation du coin. Les Himbas – les anciens – pensent que c’est une affaire de blancs. J’ai eu l’impression qu’il y avait une sorte de syncrétisme entre Dieu et « la mère Nature » unique des Himbas (j’ai oublié de noter son nom).
- - La société Himba n’accorde pas beaucoup de droit aux femmes – surtout en matière de succession. Quand le mari meurt, la veuve perd tous ces biens et même la garde de ses enfants qui restent dans la famille du défunt. Plusieurs jeunes filles m’ont parlé de cette injustice.
- - Opuwo est une ville vraiment intéressante en raison du mélange des femmes Hereros au costume imposant datant du XIXème et des femmes Himbas à la poitrine nue. C’est une Afrique multiculturelle et attachée à ces traditions que l’on croise dans cette bourgade namibienne.
- - J’avais lu dans certains sites et blogs que les Himbas ont une odeur un peu forte pour les prendre en stop. A ce sujet, je dirais qu’ils sentent la chèvre en raison des peaux qu’ils portent et de la promiscuité qu’ils ont au quotidien avec le bétail. Je ne suis pas sûr que nous, les occidentaux, grands consommateurs d’eau, soyons capables de nous maintenir « hygiéniques » si nous habitions dans des régions si sèches. Cette senteur « cabrito » ne m’a pas choqué. De plus, ils font attention en couvrant les sièges pour éviter que leur poudre rouge dont ils s’enduisent ne se retrouve pas sur les sièges.
J’ai pris très peu de photos car je ne voulais pas que les bonbons ou les « boleias » soient donnés en échange de quelque chose. Je dois bien avouer que je regrette des fois d’avoir louper des photos fantastiques – comme quand 6 jeunes filles Himbas aux seins agressifs bloquées la route en se donnant la main et formant ainsi un superbe filet de pêche à touristes.
NB: Je n'ai pas pu m'empêcher de mettre la photo ci-dessous: