voici mon avatar 'South Park' fait par François
Tu es la première
Tu trônes dans mon cœur
Comme la tour de lumière
Chaque jour prend de la grandeur*
Tu es là en Lettre capitale
Moi je t ’ écoute Je t’écris des lignes
Je n’ai pas plus le choix Des cartes postales
Les souvenirs me coûtent Des billets insignes
Et J ’ ai dans l ’ échafaudage lourd de la tour Eiffel
Gravé en gros mon Amour où demeure l ’ Eternel
J’ai essayé de faire le grand Ecart entre mes désirs
Envers toi et les autres femmes Et mes accès de pénitence
Pour lesquels j ’ allais en pensant A travers des chemins de plaisirs
Le chevalet le sextant dans l ’ âme Avec pour tout la même véhémence**
Puis je me suis détourné de mes exercices J ’ ai succombé à tes artifices
Et abandonné mes muses factices Dont les seules gloires sont mes cicatrices
* douleur, couleur
** innocence
L’érotisme, la douceur d’une mère qui allaite,
La Blancheur dévoilée où coule la blancheur délectée
Contre l’avidité du nourrisson qui tète…
Les petits chaussons au duvet plumeux et roses
Au pied du lit où sommeille la jeune fille assoupie
Qui combat sans mouvement la fièvre qui l’arrose…
Le papillon dont l’aile fébrile et poudreuse
S’accroche et se déchire puis qui dans l’air chavire…
- Longs flottements et chute vertigineuse.
O enfant fragile, la deuxième, la câline,
Reste près de ton grand frère ou dans les bras de ton père…
Car ils te protégeront des autres lettrines !
L’aCné du ciel obscur
Renfermé dans quelque activité nocturne,
Comme le point noir sur le front d’un adolescent,
La lune préfigure dans un ciel taciturne
Une nuit tavelée de grains phosphorescents.
Et deux à trois nuages en coton d’argent
Maquillent cet abcès qui tel un affreux ver,
Incrusté dans la peau ébène du firmament,
Remue sa face blanche, la tête à l’envers.
Les étoiles purifient comme un soin lacté
Le visage obscur saupoudrée de fard
Et les montagnes aux épines de cactées
Sur lesquelles se perfore le bouton blafard
Dégouline d’un liquide gras et luisant
dont s’emplissent les rides arides des champs.
La C n’est pas une fêtarde
La lune passe les nuits à la belle étoile
Et a pour couverture des nuages fuyants.
Toutes ces constellations de danseuses à voiles
Sautillent autour avec leurs bracelets bruyants.
Et les ballades des planètes somnambules !
Et les comètes qui ne s’attachent pas les cheveux !
Et les ballets de ballerines noctambules !
Et la météorite s’écrase où elle veut !
Pourquoi elle - le beau satellite - doit subir
Toujours le vacarme de voisins trop festifs ?
Ont-ils droit tous ces tapageurs intempestifs
D’être des astres sans qu’elle n’ait mot à redire ?
Elle peut bien avoir - elle - le regard rancunier,
le teint blême avec tout ceux qui la font chier !
Je l’aDhorre
O alphabet, si je devais choisir parmi toutes tes lettres,
Je laisserais tes voyelles colorées au poète.
Mais si tu me laissais le choix, de toute manière,
Je garderais tes consonnes pleines de caractères.
Et si je devais emporter des petits morceaux de toi,
Je la prendrais elle - tout entière - rien que pour moi
Ainsi que ces deux suivantes aux belles jambes qui s’opposent
Et autour desquelles oscillent les questions que je me pose.
O je sais, ô alphabet, quelle peine tu endurerais
Si, ne serait-ce, de la plus petite capitale je t’amputais !
Alors je n’en ferai rien mais pour qu’elle s’y fasse
Je t’emprunterai une seconde un de tes signes et, en face,
Je lui dirai que je l’abhorre avec un grand D.
Petit coquillage nacré,
Montre ton antre spiralé
Où résonnent encore les antiques échos
Des glorieux chants de guerre des galériens halés
Dont les avirons en cadence frappaient l’eau.
O grand mammifère marin,
Rorqual, baleine ou dauphin,
Remonte à la surface agitée par les vents
Et crache sur les chaluts chargés ton salin
Contenu propulsé par ton puissant évent.
Poisson chatoyant des récifs,
Frotte toi aux coraux lascifs,
Aux anémones aux doigts rouges et urticants
Et glisse entre les dents du harpon du natif
Qui exploite l’iode et nourrit ses enfants.
Céphalopodes mystérieux,
Poissons abyssaux lumineux,
Vers fluorescents qui dans le néant ondulent,
Crustacés albinos aux pattes de faucheux,
Hantez les esprits turbides qui affabulent
Et libérez le télamon
Qui supporte les pieds du pont
Sous lesquels s’écoulent l’eau de son fardeau -
Larmes roulant sur ses joues, sueur de son front,
Liqueurs salées de son corps minéral et beau.
Qu’il retrouve son Atlantide,
Neptune, le dieu génocide,
L’être mythique au trident – sceptre marin – !
Qu’il rejoigne les animaux sirénoïdes
tel le dugong indien ou le lamantin.
bleu des golfes clairs
Sur l’onde claire d’un récif, danse mon prao
Creusé dans le tronc d’un de ces arbres endémiques
Qui sécrètent tant d’huiles généreuses et exotiques
Dont se parfument les belles indigènes en paréo.
Au bout de ma gaffe une raie ondule et ruisselle.
La peau dorée, l’œil brillant, je contemple ma victoire
Et l’atoll est ma couronne ornée de roches noires,
La forêt de feuillus est épaisse et les clairières clairsemées de pétales. Comment ne pas se perdre dans ce gruyère végétal ?
La nature froufrouteuse dissimule sous un épais et chlorophyllien couvert la douceur des feuilles de cistes, la fraîcheur du tapis moussu du vieux chêne et la fragilité de l’orchidée des bois. Est-ce une fée scintillante qui fait apparaître tout ça sous nos pas ?
Et les arbres creux cachent – eux aussi - en leur cœur des bruits mystérieux de feuilles foulées, des échos lointains de chores de chasse à cour et des crépitements de fabuleux festins d’été ou de bûchers cathares. Les esprits de la nature aux yeux vairons, ces petits lutins de Miyasaki sautillants et hochant la tête, font-ils vraiment un cliquetis bizarre ?
L’herbe coupée par l’animal brouteur, la litière retournée par le sanglier fongivore, la terre arrosée par une giboulée d’été mêlent leur odeur à celle de la myrte, de l’eucalyptus et de l’urine du cerf qui brame. Doit-on sentir dans ce bouquet la présence d’une belle dryade ou d’une vile sorcière sans âme ?
Les elfes ne meurent-ils pas noyés dans une goutte de rosée les premiers soirs d’automne ?
La langue rose, bleue, rouge, jaune tour à tour,
L’œil coquin, tu fais le pitre devant ton monde ;
Et tu bourres à nouveau ton tout petit four
De bonbons pris pêle-mêle et qui abondent
En frac dans une boite en forme de gibus -
Des car en sac, des bananes, des michoko,
Des nounours, du réglisse fourré, des dragibus,
Des fraises tagada, d’énormes marshmallows…
Pleurnichard si il le faut - Tout t’appartient
Et qu’importe la saleté de tes deux mains !
Dans la cour de récré, je me rappelle des billes
Et de ma grande fortune en ce domaine :
Chaque matin, je partais de rien pour rentrer
Le soir, ravi, alourdi et les poches pleines.
Mes parents ne m’achetaient ce genre de bêtises
Contrairement à d’autres qui revenaient fiers
Et qui méritaient assez qu’on les dévalise
De leurs nouvelles acquisitions bien éphémères.
On n’était qu’une poignée de petits goldens boys
Qui fixaient les courts d’une agate, d’un calot
Ou de la perle rare, la dernière Roll Royce ;
On s’arrangeait pour s’approprier le gros lot.
Puis plus tard je léguai ma fortune aux voisins
qui perdirent aussi sûrement tout le butin.
Toi que l’on peut mâcher comme toutes les lettres,
Qui garde son η chez nos pères helléniques,
Ou même à la prononciation disparaître,
Pourquoi se travestir en un N cyrillique ?
Toi qui sais chanter sur des airs allemands,
Qui se coupe au henné, à la paraffine,
Qui se dit « i » en grec, pourquoi maintenant
En bombe remplacer la vieille carabine ?
Toi qui t’affiches en gros au bout des terrains,
Ne te sens-tu pas mégalo dans le stadium
De rugby ou de football américain
Quand la clameur s’élève comme un te deum.
H, ô belle lettre qui attise les sens -
Inhalée sur les lèvres, roulée sous la langue,
Interdisant les liaisons qui n’ont d’élégance :
On aspire ton jus comme celui d’une mangue.
Hasard
J’entends trop souvent dire qu’il faut savoir saisir
Toute opportunité que la vie nous offre,
Que le ciel nous envoie des présents, des plaisirs
Qu’il faut garder dans notre cœur comme dans un coffre.
Mais j’ai nulle envie de quelque cadeau, de dons,
de mendier, de pleurer ou de le prier Lui
Pour une lettre d’amour sans parfum ni prénom
Pour un instant de bonheur noyé dans l’ ennui…
Je ne veux pas espérer, compter sur la chance
Ou croire aux miracles ou en l’astrologie
Et m’émerveiller devant des coïncidences
Que le heureux hasard dépose par magie.
Je préfère passer mon existence à souffrir
Plutôt qu’attendre un grand moment à venir.
Un papier plié
Plein de poussière dans un vieux meuble en bois
Ce que j’ai cru être une lettre bizarre -
Soigneusement repliée en au moins huit fois.
Ce mystérieux papier sans autre examen
Et quelle a été la surprise pour mon nez
De sentir s’émaner cet envoûtant parfum.
Je l’ai déplié comme pour lever le mystère
D’un amour d’écolier - perdu ou oublié -
Dans lequel se cachent des remèdes amères.
La feuille était vierge et mon plaisir gâché !
Jamais je ne retrouverai - ô désespoir ! -
Les chaises
On est lâche, un peu comme cette chaise plastique
Qui se range, qui se plie et où on s’assoit.
Tout le monde la trouve bien belle et pratique
Et l’ouvre puis la ferme quand il ne faut pas.
On est lâche au jeu des chaises musicales
Et qu’on oublie combien d’hôtes on a chassé
Pour avoir une place et on n’a pas mal
De prendre l’air suffisant d’en avoir assez.
On est lâche quand on laisse la chaise vide,
Qu’on doit supporter les responsabilités,
Endosser les torts et qu’on est cupide
Au point de voler aux gens leur humilité.
Mais comment peut-on être aussi lâche que moi
Car comme pour le montage d’une chaise en kit,
Par renoncement, je repousse à chaque fois
Gâchis
Aujourd’hui je ne suis pas fier de te dire
Que si notre histoire est un gros gâchis
C’est seulement de ma faute et sans mentir
J’aurais aimé que mon cœur ne soit du hachis.
Je n’ai rien négligé pour faire tout foirer :
J’avais le choix pourtant de sacrifier ma vie
Pour toi, de faire semblant d’aimer, de moirer
Nos petits désaccords, d’oublier mon avis.
J’ai cru que je surmonterai mes vieilles histoires
Avec une fille d’une intelligence parfaite.
Mais tes qualités ne me sortent du mouroir
Comme la colle ne répare le vase en miettes.
L’amour est passager, la souffrance éternelle
Je me suis toujours laissé porter par les flots
Et maintenant je suis posté sur le rivage,
Je regarde l’horizon comme l’Eldorado,
La mer comme une autre raison de naufrage.
Je n’ose plus me mettre à nouveau à l’eau,
Ramer à jamais sur l’océan du ratage
Pour atteindre le bout d’un rêve idiot
Et m’apercevoir enfin du pauvre mirage.
Plus j’y pense, plus je doute de mon radeau.
Comment trouverais-je la force voire la rage
de nager, de garder la tête hors de l’eau ?
Je me convaincs que seul me convient cette plage
Pour m’éviter de quitter ma place au chaud
Et de me retrouver sans même un maillot.
Je me souviens
Je me souviens du temps pas si lointain
Où on passait nos étés sur la plage,
Où j’attendais le même lendemain
Avec une impatience sauvage.
On jouait sur le sable fin et jaune,
On nageait dans les vaguelettes d’eau claire
Parmi les posidonies et leur faune
Jusqu’au ponton flottant entre les airs.
Je ne me lassais de tous ces moments
Où tu sortais de la mer ruisselante
Où tu essorais en un mouvement
Ta si belle chevelure ondulante.
Je retourne quelque fois me plonger
Dans ses souvenirs salins et solaires
Et j’attends des heures allonger
Sur les rochers près de l’embarcadère.
Mais il n’y a à voir que le fort Vauban
De la grande île sainte Marguerite
Car sur la plage il n’y a que des gens
Et un sauveteur seul dans sa guérite.