voici mon avatar 'South Park' fait par François
Le français ma religion
Les lettres sont des os, l’alphabet un squelette,
Les mots des prières, le français ma religion -
Le philosophe dirige en roi la nation
De même que la poésie vient des prophètes
Et quelque soit la confession
Demeure la place du poète.
Les langues tombent désuètes
Quand personne croit en leur Nom !
Je pleure, je souffre de toutes ces défaites
Qui conduit le français à sa disparition.
Les lettres sont des os, l’alphabet un squelette,
Les mots des prières, le français ma religion.
K ou un souvenir de France
Ma tête est droite et je la garde
Mais quelque soit l’endroit que je regarde
Je vois le parterre d’un hall de gare -
Crasseux et couvert de tags anars.
J’ai l’impression d’avoir les yeux baissés
Et j’en suis perdu dans mes pensées ;
En fait, les murs, le sol, le plafond,
tout est vert, je le suis aussi au fond.
Je désespère et la ventilation
Semble une clameur de libération.
Tu es mon passe-temps, mon hobby préféré ;
Je suis ton bouche-trou – celui qui passe en dernier.
Tu es mon halte, mon refuge, mon mont de piété ;
Je suis ta pause déjeuner vite prise vite oubliée !
Tu es mes vacances d’hiver et d’été, mes week-end ;
Je suis ton dimanche nuageux un peu raté que je crois neverland.
Tu es mon premier jour et je suis ton dernier.
Tu es ma fresque ; je suis ton gribouillage.
Tu es mon amour ; je suis ton amourette de passage.
Tu es ma recrue ; je suis ton engagé.
Tu es mon astre ; je suis ton satellite.
Tu es mon bûcher : je suis ton allumette déjà craquée.
Tu es…
Tu es mon soleil, je suis ton ampoule.
Tu es ma récompense inattendue ; je suis ton cadeau non désiré.
Tu es ma vie ; je suis ta mort car je vais te…
Tuer !
Déjà petit elles me jouaient de mauvais tours
Je les confondais, j’en étais un peu honteux ;
Pourtant je faisais mes lignes et leur contour :
A l’école, j’essayais d’être scrupuleux.
J’allais chaque semaine chez l’orthophoniste
pour corriger avec des jeux ces confusions :
je coloriais l’alphabet de trois teintes tristes
et retrouvais ma gaucherie à l’occasion.
Aujourd’hui les lettres sont mes femmes devenues
Et rares sont les femmes à qui j’envoie des lettres -
J’ai oublié de quel coté le cœur doit être ! -
Qu’elles soient touchantes ou de vraies déconvenues,
Elles hantent mon mal-être éternellement
Comme je reste dyslexique des sentiments.
Interversions
Si seulement on pouvait dans la vie
faire des interversions amusantes,
Je changerais chaque jour de Marie
Pour la rendre un peu plus trépidante.
Je déplacerais mon adolescence,
Mes vingt ans à l’âge du retraité
Et tout prendrait alors un autre sens :
Je t’aurais rencontré avec gaieté -
Après ta mort même, ta décadence
Ou après la mienne avec moins de chance.
A Gérard Labrunie dit de Nerval
(mort en se pendant à une grille dans une ruelle parisienne)
Je suis le cafardeux, l’entriste de la vie,
Le prince sans fief au plastron perforé ;
Mon bouclier porte le même triste lavis
Du chêne vert déraciné de sa forêt.
Mon unique aïeul est mort déshérité
Dans la ruelle Basse de la Vieille-Lanterne
Près de la place du Châtelet mérité
Où s’accorde encor sa présence paterne.
Il a traversé le grand fleuve des enfers
Pour la troisième et dernière fois victorieux ;
Lui, qui reçut le baiser d’une reine sans terre,
J’entreprendrai bientôt ce voyage périlleux
- Celui du promontoire d’une baie d’Italie -
Pour n’y rejoindre pas la moindre Sylvie.
Dauphin ou Narval
Sous les oliviers sacrés, dans l’eau d’Itéa,
Toi qui vit mes gloires marines d’autrefois,
Pourquoi à l’attribut victorieux d’Athéna
As-tu préféré ma mort sur la sainte croix ?
Que suis-je devenu le poisson empoté
A la tête qui supporte de la licorne
le rostre et la nageoire du squale ôtée
Ou l’empoisonné à la manne de l’orne ?
Ombres
Qu’y a-t-il à l’ombre de la moindre lettre ?
Sa sonorité douce, rugueuse ou vibrante,
Des formes mystiques, des lignes mouvantes
Voire des correspondances oubliées peut-être !
Qu’y a-t-il à l’ombre du plus petit mot ?
Des cruciverbistes qui en ont connaissance,
Des clés mystérieuses ou de tristes sentences
Et tant de doubles sens et tant de quiproquos…
Qu’y a-t-il à l’ombre d’une seule phrase ?
Un proverbe, un gage, même une maxime !
Qu’importe ! Et à l’ombre du poème minime ?
Mais qu’y a-t-il ? Des fleurs oubliées dans la vase,
Une douleur qui grandit, une mémoire qui encombre,
Un Homme de lettres qui survit parmi les ombres.
Prisonnier
Quand les voitures passent dans la rue humide,
La nuit tombée, des faisceaux jaunes de lumière
Tracent des grilles au plafond de la chambre vide
Dont les barreaux se ferment comme des portières.
Et, à chaque passage, dans le bruit mouillé
Des pneus qui rejettent dans les caniveaux
L’eau visqueuse de la pluie, les barres rouillées
Tournent sans grincer se refermant à nouveau.
J’observe chacun de ces claquements muets,
Je regarde les yeux au ciel carcéral
Et tu parles - ta voix lointaine a mué.
Puis avant de me retourner – sans un signal -
Contre le mur de prison froide me blottir,
Je fermerai les rideaux pour enfin dormir.
Pascal
Memento mori ne veut plus rien dire
Car souviens-toi que tu t’es vu mourir.
Quand ? Comment ? Pourquoi ? Pour qui ?
Ça n’a plus guère d’importance.
Pascal, il faudrait que tu l’oublies !
Post mortem est à présent l’existence.
Seul rappelle-toi que dans ton prénom
Est inscrit la mort et la résurrection.
Ethel, tais-toi !
Pourquoi te sens-tu toujours obligée, Ethel,
A chaque grand pardon
De donner des nouvelles
De ta famille lointaine et de ton Japon ?
Crois-tu vraiment que je suis heureux d’entendre
Les mêmes vieux refrains,
les souhaits de septembre
Tandis que sonne le schofar de la faim ?
Quelle heureux événement ! Veux-tu que de joie
Je saute et que je couvre
Les psaumes à haute voix ?
Tu aurais dû m’envoyer un faire-part qui s’ouvre
Sur une belle photo de ta sœur en mariée
Alors que pour mon ego je l’ai enterrée.
Excuse-moi !
Excuse-moi de ne pas te faire la bise !
Mais je ne veux plus sentir ton ancien parfum
Qui s’est mêlé à celui de l’homme à ta guise.
Excuse-moi de ne pas lui serrer la main !
Excuse-moi de n’avoir vraiment rien à dire !
Je préfère. D’ailleurs parler ne rime à rien.
Garde pour toi ton nouveau nom - il ne m’inspire ! -
Comme je préfère autant qu’il ignore le mien.
Excuse-moi si je pars sans un mot de plus !
Nous ne sommes plus des gamins. Le temps passe bien
Mais pas assez pour que j’oublie tout… Enfin.
Excuse-moi si mon attitude t’a déplu -
Peut-être que j’aurais, un jour avec une muse,
Pour toi une bise et toi un mot d’excuse.
Un filet d’eau suinte de son orifice
Comme une liqueur se déverse du goulot
D’une outre véritable à la peau lisse
Dont le bouchon n’est pas dans son étroit fourreau.
De sa tête ronde dépasse une langue
Qui mime la fécondation et le flagelle
Du gamète mâle qui continue dans la gangue
De frétiller d’une excitation éternelle.
Puis rien qu’en évoquant son prénom qui oscille
Les grosses gouttes de sueur qui du front aux cils
Troublent la perception du malheureux tranquille
Qui ne voit dans la rosée de large feuille évasée
Que la moiteur des fesses généreuses et gentilles
Des superbes péripatéticiennes blasées.
Spleen
Des vipères aspics, des cobras et des crotales,
Une fois la nuit tombée, sous les draps chauds, se glissent
Dans de lentes ondulations d’écailles glaciales
Effleurant au passage mes poils qui s’hérissent.
L’Ennui, ce dresseur de scorpions et de serpents,
Attend là, debout dans un recoin de la chambre,
Et regarde l’œil oblique sans flûte ni turban
Ses progénitures insidieuses aux iris d’ambre
Que le moindre mouvement dresse brusquement
La gueule ouverte et les crochets perlant
Un jus noir et épais dont mon lit dégouline.
Comme ses ophidiens sans paupière, je m’endors tard
Malgré la lumière de chevet de ma sentine
Et les bruits de pas lourds fuyants dans le couloir.
Heureux qui pisse
Heureux qui comme Ulysse a fait un long périple
Et qui le soir venu près de son campement
Pisse dans les saxifrages à fleurs multiples
Les yeux perdus dans les lueurs du firmament !
Et puis sans se soucier de la goutte tombée
Dans les vapeurs d’urines, monte sa braguette,
S’en retourne sous la tente chaude comblé
Et s’emmaillote de couvertures douillettes.
Plus me plait la lente ascension du mont Bégo
Que la montée de la chasse au blanc pommeau,
Plus que l’émail entartré me plait le calcaire,
Et plus que l’enseigne des sanisettes publiques
Le W de Casiopée, le C unique
De la lune et les milliards de points stellaires.
Tu es mon symbole, Tu es nos quatre ailes
Ma belle inconnue ; A coller ensemble ;
Tu es mon idole, Tu es les prunelles
Celle que j’aime voir nue ; Qui me ressemblent.
Tu es dans mes rêves Tu es la réponse
Trop pornographiques A toutes questions
Dont coule la sève, Auxquelles je renonce
Initiale magique. Et coche sans raison.
Tu es la croix sur ma carte au trésor
Sur laquelle n’est pas indiqué le nord.
Tu m’émets encore Tu es près de moi
Tes rayons mortels Quand je cherche la paix ;
Pénétrant mon corps Tu es près de toi
Qui est sur ton autel. Quand je veux t’appeler.
Tu es cette absente Tu es cette absente
Qui m’as tant maudit Dont le nom me manque
Dont le nom me hante Et ma douce je tente
Et ne peut être dit. De trouver ta planque.
Sonnet en (yx)2
Ses iris, deux disques percés de sardonyx,
Flamboient dans l’infinité tel la roue d’Ixion
Laissant des écailles mordorées de bombyx
S’envoler dans de funestes incantations.
Sur les braises à l’étrange glycocalyx
Apparaissent des tâches solaires mouvantes -
Des écrits sumériens en cornes de leucoryx,
Des lettres elfiques aux arabesques envoûtantes,
Des idéogrammes hiéroglyphiques d’or :
Autant d’objets fractals qui déjà s’évaporent !
L’Eternité avide des discours de la Pnyx
A englouti leur belle réalité sonore
Mais dans son cœur se cache l’archéoptéryx,
le mot reptilien à l’envergure de condor.
Z W ω Я ת ي
Le patient labeur des artistes calligraphes
Dont l’encre de chine retrace l’assurance
Exaltent les alphabets et leur orthographe
Qui mélangent la beauté à la connaissance
Comme dans ces revues éthnogéographiques
Où des photographes voyageurs ont capturé
Le visage troublant de femmes exotiques
Dont les rituels ancestraux ont perduré
A l’abri des couvertures de magazines
Où se mêlent caractères typographiés
Et mannequins au maquillage émaciée,
Aux membres longilignes des grandes famines
Et à la démarche tant stéréotypée
Que ce soit Coco Chanel ou Jean-Paul Gaultier.